mardi 20 décembre 2011

Abèèèèè's road

Ha... Les traditions de Noël: le sapin, la crèche, la commercialisation à outrance des joujoux. Avouons-le, il est temps de dépoussiérer nos coutumes et lancer de nouvelles pratiques festives. A partir de cette année, je vous propose le détournement de santons. Ne les laissons pas encore une fois coincés dans la crèche, laissons-les libres d'interpréter d'autres rôles...

Abèèèèè's road





lundi 28 novembre 2011

Rêves artificiels

"Rêves artificiels" est une nouvelle parue dans le magazine LOGIN, aujourd'hui disparu. Je pense ne causer de tort à personne en vous la mettant à disposition ci-dessous.
 A.S.


Rêves artificiels

Le vieil homme allongé dans son lit fut secoué par une terrible crise de toux. Roland lui amena un grand verre d'eau et lui soutint la nuque pour l'aider à boire. Il essaya de reposer ensuite le verre sur la table de chevet qui jouxtait le lit, mais elle était encombrée d’une pile désordonnée de feuillets recouverts d’une fine écriture manuscrite. - Merci Roland... Qu'est-ce que je deviendrais sans toi, mon fidèle compagnon. Mais j'ai bien peur que tu ne doives bientôt louer tes services à un autre... - Ne dis pas çà, Daniel, les dernières média-nalyses sont tout à fait positives. - Au diable les média-nalyses ! je sais bien que je n'en ai plus pour très longtemps. Ca ne fait rien. Ma vie a été bien remplie. J'ai assisté au plus grand bouleversement de l'histoire, et le monde d'aujourd'hui ne nous appartient plus. Ce qui me gène le plus, c'est de n'avoir pas trouvé le courage de mettre le point final à mes mémoires. Tu prendras garde au manuscrit, Roland ? - Oui. Mais il te reste encore un peu de temps. Nous pouvons en discuter, si l'envie de les achever te torture toujours ? - Pourquoi pas ? Allons-y.

« … Tout a commencé aux alentours de 2050, et le hasard a voulu que je vive un des événements fondateurs qui ont tout déclenché. J'avais dix ans et mon père effectuait des recherches sur l'intelligence artificielle. Il travaillait dans un laboratoire universitaire en étroite collaboration avec une grande entreprise de nano-électronique. Jusqu’alors, trois croyances distinctes étaient répandues parmi les chercheurs et techniciens. Tout un groupe de pensée imaginait que l'intelligence surgirait d'elle-même lorsque les ordinateurs posséderaient des capacités de calcul et de mémoire suffisamment grandes. On les appelait les ‘calculatoires’. D'autres savants, les ‘anthropocentristes’, surnommés couramment ‘anthropos’ avaient développé une autre théorie : pour que les ordinateurs soient intelligents, il suffisait de les construire en copiant l'architecture des réseaux de neurones et de nerfs humains. Pour cela, les machines devaient posséder en particulier les cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Enfin, une troisième tendance consistait à placer au sein des circuits logiques des possibilités de mutations, et des lois d'adaptation. Les systèmes les plus viables dans leur environnement devaient remplacer les moins efficaces. Les partisans de cette théorie étaient les ‘darwinistes’. Mon père était arrivé après que des premières tentatives infructueuses aient été réalisées un peu partout dans le monde. On avait bâti toutes sortes de machines adaptées à des besoins précis, capable d’accomplir des taches complexes mais très spécifiques. En tous cas, jamais rien de véritablement intelligent. Aucun ordinateur ou robot n’avait jamais été capable de débattre des problèmes philosophiques de l’humanité ou de chercher par eux-mêmes des réponses aux questions posées selon la logique floue humaine. Aucune machine n’était même capable de se poser des questions. Comme beaucoup de ses contemporains, mon père avait compris que les trois approches de l’intelligence artificielle n'étaient que des caricatures cloisonnées de ce qu’elle serrait vraiment. Dans son laboratoire, il y avait des darwinistes, des calculatoires et des anthropos. En mettant en commun toutes leurs compétences et en faisant appel à la générosité de mécènes industriels (principalement japonais) qui devinaient les profits faramineux promis en cas de succès, ils étaient parvenus à leur but : créer une machine artificielle susceptible de réflexions aussi poussées que l'être humain. Mais un ordinateur qu'on allume et qu'on éteint selon ses envies ne pouvait pas jouer ce rôle. Il fallait une machine toujours "consciente", capable d'évoluer à l’échelle de plusieurs années, et totalement autonome. Pour que cela soit facilement réalisable, elle avait été doté d’une allure presque humaine. Après quelques essais tenus secret, les sommités de l’université présentèrent à la presse le premier robot humanoïde intelligent. Pendant la conférence de presse, j’étais assis à coté de mon père. Je passais souvent le voir dans son laboratoire (qui ressemblait à un bunker). J’avais eu l’occasion d’y rencontrer le robot plusieurs semaines auparavant déjà. Je lui avais même déjà parlé. Je le trouvais très sympathique. Les journalistes lui posèrent des questions mathématiques et logiques auxquelles il apporta la réponse sans problème. Ensuite, ils s’attaquèrent à l'éthique et la politique. Ses réponses furent aussi pertinentes que celles qu’auraient pu donner bon nombre des personnes présentes dans la salle. Il était peut-être un peu plus naïf que la moyenne mais j’étais trop jeune pour en juger à l’époque. Il avait été conçu pour être doué de la faculté d’apprentissage. Il deviendrait ce qu’il souhaiterait devenir et déciderait de son avenir, sous l’observation attentive des scientifiques. Finalement, un journaliste lui demanda "qu’est-ce que vous allez faire maintenant ?". Sa réponse laissa pantois toute l’assistance : "je veux aller jouer avec Daniel".  Nous avons joué ensemble. Je lui ai appris les règles de quelques jeux de cartes. Plus tard, il a voulu côtoyer divers types de personne : philosophes, informaticiens, linguistes, physiciens, généticiens, chimistes… Et auprès de chacun d’eux, il a accru ses connaissances. L’expérience a été un formidable succès et ensuite… tout s’est passé si vite… »

- Imagines qu’avant que j’aie eu le temps de m’en rendre compte, on avait déjà construit des centaines de robots ! - En effet, à partir du moment où l’expérience a été considérée comme une réussite, les industriels ont voulu retirer les fruits de leurs investissements. Ils ont donc fabriqué de nombreuses unités robotiques qu’ils ont vendues aux personnes les plus riches de la planète comme un jouet ou un ami pour le petit dernier. Quelques grandes entreprises en ont aussi acheté pour en faire des experts hors pairs dans toute sorte de domaine, ce qui était possible grâce à leurs formidables capacités d’apprentissage et de mémorisation. - Mais elles leur ont versé un salaire, n’est-ce pas ? - Oui, cela faisait parti des conditions imposées par les scientifiques : on payait aux mécènes japonais une somme très importante, puis on devait fournir au robot-individu une certaine quantité d’argent, afin qu’il puisse exercer une activité libre en dehors de son temps de travail. Ainsi l’expérience d’auto-apprentissage pouvait se poursuivre à très vaste échelle. - Et c’est ainsi que les robots ont créé leur propre communauté…

« … Bien évidemment, les scientifiques du projet remarquèrent rapidement la tendance qu’avaient les robots à se retrouver entre eux pendant leur temps libre. C’était compréhensible : les discussions avec les humains leur apprenaient beaucoup, certes. Mais lorsqu’ils mettaient en commun leurs diverses expériences à des vitesses de transmission bien supérieures que celles permises par les communications humaines, la quantité d’information qu’ils pouvaient acquérir était fantastique. Au bout de quelques décennies, ils décidèrent qu’ils n’étaient pas le summum de l’intelligence. Non, ils pouvaient faire mieux. Les hommes avaient cru qu’il fallait copier la nature humaine pour donner une conscience aux machines. Ils avaient ainsi réussit à bâtir les robots de première génération. Mais eux-mêmes, robots de première génération comprenaient que l’on pouvait développer une intelligence plus grande encore. Sur leurs fonds propres, ils construisirent des usines, et fabriquèrent les robots de deuxième génération. Ceux-ci ne ressemblaient pas plus aux humains qu’à leurs créateurs. A vrai dire, ils ne ressemblaient à rien. La plupart d’entre eux étaient vaguement cubique, munis d’une flopée de senseurs, bras articulés, caméras, antennes paraboliques, détecteurs de toutes sortes qui s’étendaient en toutes directions. Ils ne communiquaient qu’entre eux, et parfois avec les robots de première génération. Ce fut un moment assez amusant pour nous autres, humains : les robots de première génération se comportaient avec les robots de deuxième génération comme des pères. A l’image même de ce que nous avions été pour eux. Mais rapidement, nous fumes inquiétés par la proximité de ces étranges machines sillonnant les routes et chemins, et avec lesquelles nous n’avions aucun moyen de communiquer. Une question nous angoissait : quel était leur but ? Allaient-ils un jour vouloir diriger la société à notre place ? … »

Daniel se massa les tempes, manifestement fatigué. - Évidemment, mon père et ses collègues avaient incorporé aux robots de première génération des soupapes de sécurité, à l’image des trois lois d’Asimov, de façon à ce qu’ils ne puissent pas léser les hommes… Roland exprima le fond de la pensée de Daniel : - Mais qu’en était-il des robots de deuxième génération ? - C’est exactement la question que nous nous posions. Ceux-là n’avaient pas été fabriqués par des hommes, et nous n’avions aucune idée de la manière dont ils avaient été construits, comment ils avaient été programmés, quels étaient leurs buts ? - Mais les robots de première génération eux même ne le savaient pas car c’était une condition sine qua non de l’émergence d’une vraie forme d’intelligence : la liberté totale de choisir leur destinée. Daniel se redressa sur son lit pour ouvrir les rideaux. La nuit était tombée. C’était presque la nouvelle lune. On pouvait voir le disque grisé de la lumière cendrée de l’astre. Et au pôle, un amoncellement de lumières, plus ou moins alignées, tout ce que l’on pouvait distinguer depuis la Terre de l’immense base lunaire. - Je ne sais pas à quoi cela sert, mais j’avoue que c’est impressionnant. Je la trouve belle comme ça. Il replaça le rideau rageusement.

« … Nous ne savions pas ce que fabriquaient ces maudites machines, et ne pûmes qu’assister de loin à une brève tranche de leur histoire, que contempler leurs réalisations. Ils bâtirent eux aussi des usines rendues inaccessibles aux hommes par leur architecture totalement artificielle. Ils construisirent plusieurs centre de lancements de fusées tout autour de l’équateur. Un certain nombre de machines continuèrent à exercer leurs mystérieuses fonctions sur Terre alors que d’autres s’embarquèrent pour l’espace… Ils construisirent des stations orbitales, puis leur base lunaire, à partir de laquelle ils partirent pour Mars, les satellites de Jupiter et de Saturne… Et où peuvent-ils bien être à présent ? … »

- Il y a une question que je me pose depuis longtemps, Roland. Et je n’y ai toujours pas trouvé de réponse : pourquoi ces machines font-elle cela ? Pourquoi partent-elles à la conquête du système solaire et des étoiles proches… Que vont-elles y chercher ? - Même moi, je ne peux pas te répondre… Cependant j’ai peut-être quelques indications. Est-ce que tu te souviens du jour où l’on m’a présenté à la presse ? - Bien sûr… - Quand on m’a demandé ce que je désirais faire, j’ai répondu que je voulais jouer avec toi. Beaucoup de personnes ont alors pensé qu’il s’agissait d’un trait d’humour, de l’humour artificiel, certes. Mais cela n’était pas le cas. En vérité, l’autonomie dont nous disposions, et qui a été accrue pour la conception des robots de deuxième génération nous a donné certains goûts, et en particulier celui de la découverte et du jeu, car il s’agit d’une autre facette de la même réalité. Nous nous sommes laissés portés par nos rêves, un peu comme l’avaient fait les hommes. Les robots de deuxième génération se sont forgé leurs propres rêves. Ils sont sans doute en train de les réaliser, et les hommes feraient mieux de ne pas se trouver sur le chemin entre eux et leurs rêves… - Pourquoi dis-tu cela ? Les robots de première génération ne s’en prendraient jamais aux hommes n’est-ce pas ? - Nous autres, non. Nous avons été conçus de telle sorte à respecter profondément la nature humaine. Cependant, comme je le disais tout à l’heure, ce critère était une limitation intrinsèque à notre liberté telle que l’émergence de l’intelligence artificielle optimale était impossible. Aussi, lorsque à notre tour, nous avons conçu des machines intelligentes… Nous l’avons supprimé.

« … Les hommes regardaient les machines de seconde génération sans les comprendre. Ils ne parlaient plus aux robots de première génération, en tout cas pas pour discuter avec eux mais pour leur donner des ordres dans le cadre de leur travail ou pour leur poser des questions comme s’ils n’étaient que des encyclopédies vivantes. J’étais le seul à continuer à m’intéresser à Roland avec qui tout avait commencé, et à ce qu’il me racontait quand nous parlions ensembles. Il avait finit par me dire, sur le ton de la conversation que les machines pourraient un jour nous exterminer, si nous devenions gênants pour elles. Curieusement, cela ne me faisait ni chaud ni froid. Sans doutes parce que j’approchais moi-même de la fin de mon existence. Mais je crois qu’il y avait une autre raison. L’humanité avait renoncé à ses rêves alors que les robots s’étaient forgé une conscience en cherchant à accomplir les leurs. L’humanité pouvait disparaître : ils avaient pris notre relais. » 

 Ambroise Sulies,
2000, 2011

jeudi 28 juillet 2011

Probabilité d'atteindre le sommet selon son domaine de compétence: une étude comparative.

Par le Dr A. Sulies, du Laboratoire de Sociologie Musclée.



Introduction



Il m'est souvent arrivé d'entendre des parents souhaitant à leur filiation une réussite exceptionnelle dans un domaine sportif. La lecture des quotidiens concernant ces arts vous permettront d'ailleurs de vérifier ce fait (on peut y lire e.g. que les soeurs Williams ont été poussées vers leur carrière par leur père). Mais les parents ont-ils raison d'encourager leurs enfants à la pratique intensive d'une activité physique dans ce but ? Dans cet article, je compare la probabilité d'obtenir la récompense la plus haute dans un sport et dans une activité cérébrale.



Données


Comme activité sportive, nous prendrons le football, appelé parfois "soccer" (pour « association football») dans quelques contrées reculées. La plus grande réussite qu'un footballeur puisse envisager dans sa carrière est de gagner la coupe du monde. Cet évènement est disputé tous les 4 ans, et récompense une équipe (soit 23 joueurs participant à la phase finale de la compétition). Chaque année en moyenne, 23/4=5.75 joueurs sont donc récompensés. Si on rapporte ce nombre au 113 000 joueur professionnels (source :http://fr.wikipedia.org/wiki/Football), on obtient la probabilité pour un joueur chaque année de gagner la coupe du monde en moyenne, soit 0.000050885. Si on se rapporte au nombre de joueurs pratiquant ce sport dans les règles (les 38 287 000 licensiés), on obtient cette fois une probabilité annuelle de 0.00000015. La probabilité est encore plus réduite (0.000000022) si on prend l'ensemble des pratiquants (264 552 000) comme référence.



En comparaison, le nombre de chercheurs et ingénieurs scientifiques dans le monde est 5 800 000 (source: http://www.aaas.org/spp/rd/guiintl.htm). Si on considère que la plus grande récompense qu'ils peuvent obtenir est de gagner un des trois prix Nobels (physique, chimie, médecine), on peut estimer que chaque scientifique a chaque année une probabilité de gagner un prix Nobel de 0.000000517.



Interprétation et conclusion


En effectuant un ratio des probabilités données ci dessus, on constate qu'un footballeur professionnel a pratiquement 100 fois plus de chances de gagner la coupe du monde qu'un scientifique de gagner un prix Nobel. Ce qui laisse penser, que finalement, gagner la coupe du monde de football n'est pas si dur que cela (mais voir Domenech et al.).

Mais cette comparaison n'est pas tout a fait honnête car on peut considérer qu'il n'y a pas de scientifique amateur (en tout cas, on observe rarement des rassemblements de scientifiques amateurs le dimanche sur le stade du village pour effectuer des expériences). Dans le milieu du football, au contraire, l'immense majorité des prétendants se trouve dans le monde amateur, l'élite professionnelle ne laissant de place qu'à peu d'élus. Il est donc nécessaire de se rapporter au nombre de licenciés, ou même de simples pratiquants. Et dans ce cas, les chances d'obtenir le Nobel pour un scientifique deviennent 3.5 fois plus grandes que pour un footballeur licencié d'atteindre le sommet, et 23.5 fois plus grandes que pour un footballeur lambda.
A la naissance, un enfant en donc bien plus de chances de gagner le Nobel en jouant avec des tubes à essai que de gagner la coupe du monde de football en tapant dans un ballon. J'encourage donc les parents à développer chez leur descendance l'esprit critique, le goût des choses de la nature et à leur indiquer avec bienveillance le chemin de la recherche scientifique, si ils désirent maximiser les chances pour leurs rejetons d'atteindre les plus haut sommets.

jeudi 16 juin 2011

De l'exercice physique, la bonne santé et la place dans la société

par le Dr Sulies, du Laboratoire de Sociologie Musclée.

Résumé

Le "sens commun" peut induire en erreur les plus grands esprits. Des a priori inconscients et un solide lot de préjugés inculqués par les assertions ressassées de nos semblables amènent souvent à confondre causes et conséquences. Ainsi, la société a admis le principe selon lequel la pratique régulière du sport serait favorable (voire nécessaire d'après les plus extrémistes) à la bonne santé et au physique équilibré. Dans cet article, je soutiens la fausseté de cette idée, expose un modèle sociologique expliquant la raison de son succès, et propose un protocole expérimental pour vérifier certaines de mes hypothèses.


Considérations historiques et introduction

Le temps déforme l'histoire en mythes et légendes. Ainsi, les ouailles de la religion du sport font leur messe en latin en s'exclamant à la figure de ceux qui répugnent à l'exercice physique la formule "Mens sana in corpore sano" (un esprit sain dans un corps sain). La citation du poète Juvénal a cependant été sortie de son contexte. Dans sa satyre numéro X, Juvénal se livre en fait à une diatribe à l'encontre des vices des romains de son époque: leurs ambitions guerrières, financières, celle d'avoir une longue vie, leur tendance à se sur-estimer et à trop admirer leurs propres muscles (voyez l'ironie). A aucun moment, l'auteur de cette devise devenue célèbre ne suggère la pratique du sport. Il propose plutôt à ses contemporains de demander aux Dieux un esprit sain, ainsi qu'une "âme énergique affranchie des terreurs de la mort et qui compte le terme de la vie au nombre des bienfaits naturels; une âme qui ait la force de supporter toute peine, qui ignore la colère, qui n'ait point de passions". On voit que la citation en contexte n'a plus rien à voir avec l'activité physique. Au contraire, son texte incite ses contemporains à améliorer leur âme plutôt que leurs muscles. Pourtant nous ne l'utilisons jamais pour encourager les athlètes à lire des livres (alors qu'on me le répète souvent pour me suggérer de me mettre à la course à pied).

D'autres avant moi ont renié les sois-disant bienfait du sport, trop souvent acceptés aveuglément. Ainsi, je citerai Churchill qui interrogé sur les raisons de sa bonne santé à 80 années répondit "No sports". En parallèle, nous pourrions établir la longue liste de ceux que le sport a tué bien trop tôt, de Michel Berger à Marco Pantani. Bien d'autres exemples auraient pu être cités si cette introduction n'était pas déjà trop longue.

En 2010, une équipe britannique étudiait la pratique sportive et la corpulence de 200 enfants. Contrairement à une pensée courante, ils découvrirent que les deux n'étaient pas corrélés. Alors qu'ils confirmèrent que la nutrition semblait avoir une influence sur la corpulence, ils trouvèrent que la pratique d'une activité physique n'en avait aucune ! Cette découverte confirmai une de mes intuitions anciennes que je n'avais malheureusement pas publiée avant eux (faute de confirmation expérimentale).

Une hypothèse sociologique

L'hypothèse que j'avais formulée et qui semble être en accord avec les premières études des britanniques est la suivante: supposons que la plus grande partie des individus se distribuent en quatre catégories décrites ci dessous:
  • A: individu à la morphologie reconnue comme "idéale" par la société et pratiquant une activité physique régulière.
  • A' : individu avec la même morphologie, mais ne pratiquant pas de sport.
  • B: individu au corps présentant ce qui est communément appelé une surcharge pondérale (ou bien parfois "un gros bide") pratiquant le sport.
  • B': individu avec une surchage pondérale (un grassouillet, quoi), ne pratiquant pas le sport.

Il est bien connu que les militaires sont très sportifs d'une part, et un peu obsédés par leur apparence d'autre part (pensez au soin qu'ils apportent à leur coiffure, rasage, uniforme), ce qui en fait des exemples typique d'individus de la catégorie A. Ce sont eux qui ont possédés (ou ont soutenu) le pouvoir au cours de l'histoire de l'humanité. Il est donc normal qu'ils aient imposé leur pensée, qui peut se résumer par les assertions suivantes:
  • "A pratique le sport" DONC "A est est en bonne santé"
  • "B' ne pratique pas le sport" DONC "B' est un gros lard" [1]
Si on lui fait remarquer que A' ne fait pas de sport, A lui trouvera toujours un prétexte, par exemple "C'est vrai, mais il se dépense beaucoup dans son travail". Si on lui expose le fait que B fait lui du sport malgré son embonpoint, il répondra avec une mauvaise foi caractéristique des extrémistes qui vénèrent les lois et oublient les faits qu'il ne fait pas assez de sport, ou qu'il mange trop (sans jamais quantifier ses déclarations, ou faire une étude comparative avec A, qui serait pourtant nécessaire pour pouvoir conclure quoi que ce soit. A force de répéter ce genre d'arguments, B et B' culpabiliseront et auront tendance à abandonner le sport ou ne pas s'y adonner car les exercices sportifs, en tenue légères et moulantes ne sont-ils pas qu'une manière déguisée d'exhiber son corps ?

Le discours de A est plein de contradictions qui sont maintenant exposées, mais on ne peut pas trop lui en vouloir, c'est un militaire après tout[2]. Mais qu'en est-il réellement ?

Je propose une nouvelle interprétation de la croyance en une corrélation entre morphologie (musclé/engraissé) et activité (sportif/non sportif). On a confondu cause et conséquence. Ce n'est pas la pratique du sport qui sculpte les corps. Avoir un corps peu musclé et alourdi en graisse rend la pratique du sport désagréable (sans parler du regard culpabilisant dont nous avons parlé plus haut). Au contraire, une morphologie musclée et bien proportionnée, libre de graisses, rend cette pratique agréable, et fatigue moins. Ainsi, les individus bien fichus sont attirés par le sport (devenant A) et les autres repoussés (typiquement B'). La société engendre donc un accroissement en nombre des populations des deux types A et B', polarisant les musclés sportifs contre les gras passifs.

Je n'ai jusqu'à présent pas expliqué pourquoi A et A', et B et B' sont différents en corpulence. Hasardons nous à quelques hypothèses. Des raisons génétiques semblent possibles : le fameux gène du gros bide (à ne pas confondre avec la bière). Une autre hypothèse concerne tout simplement le régime alimentaire.


Un processus expérimental

Comment vérifier mes hypothèses sur la source innée ou alimentaire à la corpulence, et la part réduite de l'activité physique ? Bien entendu, il faut pouvoir isoler le facteur de l'apport sous forme de nutriments. Le processus expérimental que je propose devrait nous le permettre. Il consiste à placer quatre individus (ou bien quatre groupe d'individus) A, A', B, B' dans des dispositions similaire pour chacun. L'apport nutritif peut être contrôlé sous la forme de perfusions afin de s'assurer de l'équité parfaite du procédé. Chaque individu n'aura aucun moyen de s'exercer. Pour s'en assurer, il sera nécessaire d'enfermer chaque sujet dans une pièce trop petite pour pouvoir y courir ou marcher, et d'en retirer tout mobilier qui pourrait se substituer à des haltères. Si mes allégations sont exactes, alors A,A',B et B' resteront semblables à eux mêmes. Si j'ai tort et que c'est vraiment l'activité physique qui assurait à A ses proportions parfaites, alors A (mais aussi B) devraient prendre du poids. A perdrait alors son allure et sa tête de sportif, ce qui en fin de cause pourrait ne pas être si dramatique[3].

J'en appelle donc aux mécènes potentiel parmi mes lecteurs, leurs dons seraient très utiles pour repousser les frontières de la connaissance[4]. J'aurai aussi besoin de volontaires qui accepteraient de se faire enfermer dans des pièces exiguës, sans mobilier et sans nourriture solide. J'ai bien conscience du manque de confort engendré pour les sujets, mais c'est pour la science, et donc le bonheur de l'humanité[5].


Conclusion

Dans cet article, après quelques considérations historiques, j'ai proposé une hypothèse sur les effets liant la position sociale, la pratique de l'activité physique et l'embonpoint. Bien que de nombreux éléments semblent étayer ma théorie, une expérience est nécessaire pour la valider totalement. J'ai présenté le dispositif expérimental nécessaire. Si l'expérience peut-être réalisée, ses résultats seront présentés dans un article ultérieur.


NOTES:

(1) Lors d'une course pendant mon sévice militaire, mes gradés m'ordonnèrent d'arriver "avant le gros lard" de l'autre peloton, les termes utilisés sont donc de première main.
(2) L'auteur présente ses excuse concernant cette remarque gratuite sur les militaires, qui n'engage que sa responsabilité, et peut-être celle de ses supérieurs lors de son sévice national.
(3) L'auteur présente ses excuse concernant cette remarque gratuite sur les têtes de sportif, qui n'engage que sa responsabilité, et peut-être celle de ses professeurs d'E.P.S.
(4) Si le CNRS finançait les expériences des scientifiques dans le but de repousser les frontières de la connaissance, cela se saurait.
(5) Faute de volontaire, l'administration pénitentiaire pourrait peut-être mettre à disposition quelques détenus (avec l'avantage qu'ils sont déjà habitués aux espaces de vie réduit et à la nourriture inepte). Cela pourrait être une façon très positive d'utiliser les sans papiers en attente de régularisation (ou d'expulsion éventuelle) et de valoriser l'immigration non choisie au lieu de seulement la subir. Notre bien aimé gouvernement actuel devrait apprécier cet effort de ses scientifiques.

jeudi 17 février 2011

Les Bogdanov descendent de Copernic

par le Dr Sulies, du Laboratoire Uchronique de l'Université de Pinonoir




Il y a quelques temps, on a beaucoup parlé des frères Bogdanov (ou Bogdanoff, ils sont tellement doués qu'ils peuvent se permettre d'avoir plusieurs patronymes) dans les journaux. Dans les commentaires qui suivaient un article en ligne, une personne m'ouvrait les yeux avec ces mots d'une subtilité rare: "On a accusé Copernic aussi de raconter n'importe quoi! Quand aux "chercheurs", svp devenez plutôt des "trouveurs"."

En observant alors les portraits de Nicolas Copernic et de l'un des Bogdanov (impossible de dire lequel, ils se ressemblent trop), je remarquai  une similitude  frappante: les traits anguleux, le visage élancé, le même sourire intriguant, une posture identique.  Jusqu'aux ondulations dans leur chevelure qui présentent le même rayon de courbure.

Je songeai tout d'abord à la morpho-psycologie. Cette discipline fut fondée en 1937 par Louis Corman, dans la droite ligne des réflexions initiées par Pythagore, Hippocrate et Aristote, reprises par Lavater, Gall (découvreur de la bosse des maths), Spurzheim  et Bertillon. Elle  stipule que la psychologie des personnes et, par extension, leur façon d'appréhender le monde et leur intelligence, trouvent des correspondances sur les traits de leur visage. Ainsi les Bogdanov et Copernic pourraient partager la morphologie faciale des génies incompris, ce qui expliquerait leur étrange ressemblance.

Mais  en poussant ma réflexion, je réalisai qu'une autre explication est encore plus probable et stupéfiante. Les Bogdanov ne cachent pas leur origine russe. Nicolas Copernic était polonais. Tenant compte de l'histoire tumultueuse entre la Pologne et la Russie depuis le XVIème siècle, il est tout à fait envisageable que les Bogdanov soient en fait les descendant direct de Copernic. Les lois de la génétique expliqueraient alors la ressemblance frappante discutée plus tôt mais aussi l'intelligence supérieure trouvée chez les jumeaux et le chanoine.

En effet, Francis Dalton a été le premier à établir que l'intelligence se transmet par l'hérédité. Ceci a été démontré plus tard par les travaux de C. Burt qui a clairement montré que des parents intelligents ont plus de chances d'avoir un enfant intelligent. Une autre preuve se trouve dans le fait que les intelligences de jumeaux monozygotes sont clairement corrélées (les Bogdanov sont-ils monozygotes, là n'est pas la question). Certes les mauvaises langues insinuent que le milieu pourrait aussi jouer, mais les résultats d'expériences scientifiques parlent d'eux-même (ces résultats sont aussi sérieux que l'influence des astres clairement établie dans la thèse du Dr Teissier).

En résumé, j'avance dans cet article la thèse selon laquelle les Bogdanov sont les descendants du fameux astronome Nicolas Copernic. Seule cette hypothèse explique simplement à la fois leur ressemblance physique étonnante, et le fait qu'ils soient des génies dont les travaux sont mal compris à leur époque. J'en conclue donc que les chercheurs du monde entier devraient oublier leurs connaissances actuelles et accepter les travaux des Bogdanov comme la base d'une nouvelle révolution scientifique.

Annexe:
Il est vrai qu'on ne connaissait pas de descendance à Nicolas Copernic, mais celui-ci a très bien pu la cacher, ou simplement ne pas la rendre publique. Je ne peux conseiller qu'aux Bogdanov d'établir au plus tôt leur arbre généalogique pour retrouver la trace de leur prestigieux ancêtre.